Portraits d’ambassadeurs

De saisonnier à directeur : Jean-François Esquerre, une vie au sommet

Une enfance pyrénéenne,
les racines d’un
montagnard

Né à Cadéilhan-Trachère, un petit village de la vallée d’Aure, survolé par le téléphérique de Saint-Lary, Jean-François Esquerre est un enfant des montagnes. “Je suis un montagnard, un Pyrénéen”, affirme-t-il d’emblée. Une déclaration simple, mais fondatrice. Si le ski ne faisait pas partie de ses rêves de jeunesse, les reliefs, eux, ont toujours été son terrain de vie.

Après des études en génie électrique et informatique industrielle, il entre dans le monde professionnel avec humilité et pragmatisme. Faute de débouchés dans son domaine, il accepte un poste de saisonnier à la station de Piau-Engaly. Un choix par défaut ? Pas tout à fait. Car très vite, le jeune homme curieux et débrouillard va s’y révéler.

De la vigie au service
électrique : un apprentissage
sur le terrain

Sa première saison, en 1997, il la passe en poste de “vigie”, en haut d’un télésiège. Mais l’inaction est une vraie contrainte pour lui. Il demande à changer de poste, passe sur un téléski débutant et s’y épanouit. De fil en aiguille, il rejoint le service électrique, puis découvre les rouages techniques des stations : remontées mécaniques, neige de culture, systèmes automatisés…

À Piau, il touche à tout. “C’était une petite structure où on s’entraidait. Un jour j’étais électricien, le lendemain, je donnais un coup de main sur une dameuse.” Cette polyvalence, alliée à une soif d’apprendre, devient sa marque de fabrique. Il enchaîne les postes : responsable du stationnement, agent d’accueil, technicien neige… Et intègre même les pompiers volontaires, qu’il servira pendant vingt ans.

L’expertise technique
au service des stations
pyrénéennes

Souhaitant évoluer, Jean-François part à Peyragudes en 2005, puis revient à Piau comme chef du service neige de culture. Mais en quête de nouveaux défis, il rejoint Saint-Lary en 2008, où il dirige durant dix ans l’impressionnant chantier de modernisation du système d’enneigement. Il y supervise chaque année des projets de plusieurs millions d’euros, participe à la rénovation du téléphérique emblématique de la station et gère l’ensemble du réseau électrique.

Avec toujours cette passion intacte pour la technique, les systèmes complexes, et une capacité à évoluer dans un univers en perpétuelle mutation : “On est passés de simples canons à neige à des systèmes en fibre optique, au Wi-Fi embarqué dans les cabines… Les métiers ont énormément évolué.”

Gourette : un projet
d’envergure, une mission
de cœur

En 2018, il postule à Gourette, attiré par le vaste projet de restructuration du domaine skiable. Il est d’abord nommé responsable technique, avant d’être promu directeur de la station. Un virage majeur, pris avec la même implication : “Être directeur, c’est un métier de passion. Il faut être engagé, on est sollicité de toutes parts.”

Sous sa direction, la station vit une profonde transformation. Malgré la crise du Covid, Jean-François orchestre les travaux, avec six nouvelles remontées mécaniques mises en service en cinq ans, et une montée en puissance de l’enneigement artificiel. Parmi les belles réussites de ces dernières années, la saison 2021-2022 a marqué un tournant positif pour la station.

Un homme de terrain,
fidèle à ses valeurs

Jean-François ne cache pas les sacrifices personnels qu’impose ce métier, ni la pression croissante sur les missions administratives, climatiques, ou encore politiques. “Ce que je préfère, c’est être dehors, dans les éléments. Ce métier, c’est 80 % à l’extérieur.”

Fidèle à son franc-parler et à ses convictions, il défend un modèle de station responsable et enracinée dans son territoire. “On défend une économie de vallée. Pour l’instant, il n’y a pas d’alternative.”

Plus qu’un directeur, Jean-François Esquerre incarne une génération de bâtisseurs de stations, à la croisée des savoir-faire techniques, de la passion montagnarde et de l’engagement local. Une figure discrète, mais essentielle, des Pyrénées béarnaises.