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La transhumance :

sur le chemin de la reconnaissance

Depuis juin 2020, la transhumance pratiquée par les éleveurs français est reconnue comme patrimoine national culturel et immatériel (PCI) français. Cette reconnaissance est une première étape pour candidater au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. La France, en concertation avec l’Espagne et plusieurs autres pays européens (Albanie, Andorre, Croatie, Luxembourg, Portugal et Roumanie) va donc pouvoir déposer un dossier de candidature très prochainement.

Cette démarche est très importante car elle soutient et valorise notre culture des « estives » et donc les traditions de notre territoire. Loin d’être une simple protection réglementaire, elle participe à la promotion et la valorisation des pratiques de gestion pastorale en altitude, des savoir-faire liés à l’artisanat et à l’élaboration de produits alimentaires.

Le terme « transhumance » signifie littéralement « au-delà du pays ». Il s’agit d’une migration de troupeaux d’herbivores comme les moutons, les vaches, les chèvres qui se rendent pour se nourrir dans des pâturages situés « hors des frontières » de leur territoire d’origine, en altitude ou en plaine. La « transhumance estivale » ou « estive » correspond à la montée des troupeaux en altitude sous la conduite d’un berger. À l’opposé, la « transhumance hivernale » permet aux bêtes de descendre dans les plaines pour éviter les rigueurs hivernales.

La pratique traditionnelle de la transhumance est importante pour les éleveurs, pour la vie sociale et économique des vallées mais également pour le maintien des paysages et des milieux naturels. Si les troupeaux vont profiter d’une alimentation riche et naturelle (qui servira les AOP et labels en viande et fromage), en se nourrissant des ressources fourragères de la nature, ils participent aussi à l’entretien des paysages, des territoires et de la biodiversité. L’élevage ovin joue un rôle majeur en Pyrénées dans l’entretien des 145 000 hectares d’estive qu’il pâture. La montée en estives se maintient aujourd’hui notamment grâce aux investissements des collectivités, cependant elle doit faire face aux enjeux de renouvellement des exploitations et de maintien de l’élevage. Cette inscription au PCI de l’Unesco arrive donc à point car elle offrira à terme des retombées économiques et touristiques indéniables.

En Béarn, c’est à partir du mois de juin que les premiers troupeaux de brebis se déplacent vers les pâturages d’altitude : en vallées béarnaises d’Aspe, du Barétous et d’Ossau. Environ ¾ des troupeaux de notre territoire gagnent les hauteurs pour passer l’été et le début de l’automne. Certaines brebis y sont simplement gardées taries (sans production de lait) et d’autres au contraire sont traites tous les jours dans les hauts pâturages pour fabriquer le célèbre fromage d’estive. Les troupeaux redescendront avant que l’hiver ne s’installe et avant de donner naissance à leur agneau de l’année. Les bergers et bergères vivent avec leur troupeau pendant toute la durée de l’estive. Ils vivent souvent seuls pendant plusieurs mois dans les 200 cuyalaa (cabanes d’estive) que compte notre territoire. Pour en savoir plus, rien de mieux que L’Association des Eleveurs Transhumants des 3 Vallées Béarnaises qui existe depuis 1990 et regroupe le plus grands nombres d’éleveurs. Ils font leur propre promotion, partagent leur connaissance du métier et présentent leurs produits, les fromages fabriqués en estive (marque déposée).

La transhumance  regroupe également un ensemble de rituels festifs qui accompagnent le départ des bêtes pour les pâturages comme les fêtes d’estive. Dans la vallée d'Aspe, la montée en estives démarre à Lourdios-Ichère avec le marquage des brebis, la pose des sonnailles suivis de l'hommage aux bergers et la bénédiction des troupeaux. La vallée d'Ossau est en fête pour le départ des troupeaux. La vallée du Barétous fête les bergers et le retour des estives. Autant de moments à partager pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur cette tradition ancestrale. Et pour ceux qui souhaitent vivre l’estive, certains bergers vous proposent de les accompagner, de vous mettre dans la peau d’un berger transhumant. Ils vous feront découvrir leur métier, leur troupeau, leur montagne, leurs habitudes… Quant à l’avenir : une nouvelle génération d’éleveurs et de bergers voit le jour, notamment grâce aux femmes, à l’image de Clara Tillous, élue ‘espoir béarnais de l’année’. Du haut de ses 19 ans, avec une belle assurance et beaucoup d’énergie, elle s’est lancée depuis plus d’un an dans l’élevage de chèvres alpines à Arette.