Portrait d'ambassadeur :
Marie-Josée Nousty, Béarnaise "Cap e tout"
« Je suis Béarnaise ‘Cap e tout’ ! Mes parents, mes grands-parents et mes arrières grands-parents sont Béarnais… »
Marie-Josée a grandi dans une ferme viticole à deux kilomètres de la maison natale de son mari qui est aujourd’hui « maison d’hôtes ». Cette ambassadrice y accueille les gens de passage et les touristes pour quelques jours ou quelques semaines. Elle a vécu au préalable avec son mari à Bordeaux pendant 5 ans avant de décider de revenir chez elle : « j’avais en ligne de mire, le retour en Béarn. Nous n’étions pas malheureux mais nous sommes bien mieux ici ! D’où que l’on soit, on aime son pays. Quand l’avion se pose à Pau, c’est un soulagement : je suis à la maison. Ce n’est pas du chauvinisme parce que l’on peut vivre ailleurs et fort bien, mais quand on est de ‘quelque part’, on aime ce ‘quelque part’ ! »
En 1986, ils héritent de cette maison à restaurer, trop grande pour eux deux et leur fille. Une amie lui suggère de faire des chambres d’hôtes. Elle organise un conseil de famille, en parle avec son mari et son beau-père, qui valident son projet. Elle ouvre ses cinq chambres d’hôtes de mars à novembre et parfois toute l’année pour « les ouvriers en déplacement professionnel » notamment. « Il y a trente ans, nous étions avec mon amie des pionnières dans la région ! »
Les qualités nécessaires pour exercer cette activité ? « Être très tolérante, avoir un énorme paquet de patience… Les gens deviennent de plus en plus exigeants, s’installent comme chez eux et agissent comme chez eux. Il y a trente-deux ans, ce n’était pas comme ça ! » Son métier a beaucoup évolué. C’est une activité de tous les instants qui demande beaucoup de disponibilités et qui n’assure qu’un revenu complémentaire. Marie-Josée ne privilégie pas les gens de passage pour une nuit, parce que cela ne correspond pas à son sens de l’accueil. Certains viennent pour trois ou quatre jours, parfois huit, jusqu’à trois semaines. « J’ai reçu une famille pendant 11 ans, trois semaines tous les étés, la dernière semaine de juillet et les deux premières d’août.» La fréquentation de sa maison, c’est surtout des résidents du Grand Ouest et des Parisiens, parfois des gens du Sud-ouest qui cherchent la fraîcheur.
Marie-Josée aime être le « guide » des alentours et des visites locales. Elle s’adapte à ses hôtes : avec ou sans enfants, plutôt sportifs ou amateurs de vieilles pierres ; toujours avec générosité et parfois un peu d’impertinence. « D’entrée, je leur conseille d’aller voir l’église de Monein, sinon le tarif du séjour est doublé ! Ils sont un peu surpris et intègre la visite à leur séjour… Trêve de plaisanterie : c’est quand même la plus grande église gothique du Béarn avec une charpente de bateau renversée, c’est unique en France ! » Parfois, elle les envoie aux marchés d’Orthez, de Nay, d’autres fois à Oloron, pour visiter les tissages Lartigue ou le musée du jambon à Arzacq. Elle conseille le Train d’Artouste, les grottes de Bétharram, le Château de Laàs et ses énigmes, pour les enfants ; Sauveterre-de-Béarn, Pau, Navarrenx, Salies-de-Béarn pour les amateurs de patrimoines. « Il y a aussi les randonnées en montagne et des sentiers juste à côté de la maison. Il y a tellement de choses à faire dans notre région ! »
Au-delà de son rôle d’ambassadrice locale, Marie-Josée est une femme de tempérament, engagée. Elle est présidente de l’association départementale des Gîtes de France Béarn Pays basque, après avoir été présidente régionale et Vice-présidente fédérale. Elle se rendait au moins une fois par mois à Paris pour les réunions du Conseil d’Administration, la valorisation et la promotion de la marque. Elle assurait les commissions de travail et participait au développement des gîtes et des chambres d’hôtes. « Ça a été l’engagement de ma vie ! Aujourd’hui, je lève le pied, il faut savoir laisser la place aux autres. »
« Quand j’étais jeune, j’avais envie que les choses avancent vite et donc j’ai créé avec Gérard Cazalis, ancien directeur du CDT64, un ‘village sourire’ dont le siège était à Monein. » En montant le projet, elle prend conscience des atouts de son territoire. « Le Béarnais ne sait pas se mettre en valeur… Le fait de s’intéresser au tourisme est très récent en Béarn. Les Basques ont une longueur d’avance car avec le terrorisme, ils avaient ‘mauvaise presse’ auprès des touristes. Il a fallu qu’ils mettent les bouchées doubles pour redorer leur blason. Dans les années 80, ils ont financé des campagnes de communication pour sortir de cette impasse. Le Béarn, à côté, c’est ‘la belle endormie’… Qui vit tranquillement, en se contentant de ce qu’elle a ! Il y a trente ans, il n’y avait pas d’office de tourisme comme aujourd’hui dans tous les cantons. Pour les gens, le tourisme n’était pas quelque chose ‘qui pouvait donner à vivre’ ! À l’époque, si tu n’avais ni vache, ni brebis, ni maïs, ni vigne, tu passais pour un rigolo. Pour les banques, le tourisme était une activité à risque parce que trop aléatoire. Heureusement les mentalités ont évolué ! »
« Le béarnais, je le parle mais je ne sais pas l’écrire. Je le lis à haute voix sur le journal pour m’imprégner de la musique des mots. » Elle joue aussi au théâtre en béarnais pour son plaisir et pour le maintien et la transmission de sa langue. En 2014, sa troupe de théâtre a monté un spectacle intitulé, ‘je vous aime tendrement de Monein jusqu’aux tranchées’ « Nous avions récupéré des cartes postales et des lettres de ‘poilus’. Beaucoup venaient de mon grand-père… C’était un beau spectacle, très émouvant ! »
*Pour rappel : La petite Histoire Bien que baptisé catholique, le futur Henri IV est élevé dans la religion réformée : sa mère, Jeanne d’Albret est une figure importante du protestantisme en France. Il deviendra prince du sang, roi de Navarre et chef de la noblesse protestante. Il abjure le protestantisme juste après son mariage avec Marguerite de Valois, pour échapper au massacre de la Saint-Barthélemy. En 1589, à la mort d’Henri III, Henri de Navarre devient Henri IV, roi de France ; et pour renforcer sa légitimité, il se reconvertit solennellement au catholicisme le 25 juillet 1593. Cinq ans plus tard, il mettra fin à 36 ans de guerres civiles entre catholiques et protestants, en proclamant un édit de tolérance : l’édit de Nantes, qui permettra l’existence des deux religions dans le royaume et assurera une paix durable jusqu’en 1685.
MARIE-JOSÉE NOUSTY, AMBASSADEUR DU BÉARN